Apprendre en présentiel et à distance : Quelle place donner à la prise de conscience ?
Comment apprend-on ? Ce sujet traité de multiples fois est toujours bien d’actualité. Les nouvelles générations ont apporté, avec elles, des comportements différents créant ainsi un nouveau regard sur l’apprentissage et ses outils. Les neurosciences apportent, elles aussi, leur éclairage validant, ou pas, les informations sur les processus cognitifs en jeux chez l’apprenant comme : la mémoire, l’attention, la motivation, … Ainsi, il apparait de plus en plus clairement que la complexité du processus mis en œuvre lorsqu’on apprend grandie aux vues des données nouvelles comme la notion d’acquis et d’inné, ou encore la notion de « préférences cognitives », etc … Chez l’enfant, la théorie constructiviste parle déjà de la notion d’inné, notion renforcée par les expériences récentes de Stanislas Dehaene.
Quand est-il chez l ’adulte ? En fait, nous ne cessons jamais d’apprendre et nous le faisons même, le plus souvent, de manière inconsciente. Si nous nous faisons mal en ouvrant la porte de notre réfrigérateur au bout d’un laps de temps (court) nous allons modifier quelque chose pour éviter cette douleur. De même si nous trouvons agréable de conduire en écoutant les informations à la radio, nous allons continuer à le faire dès que nous allons monter dans la voiture et nous allons même régler notre radio pour que nous puissions continuer à le faire automatiquement.
Dans ces deux exemples le processus de l’apprentissage est lié (entre autres) soit à une douleur, un manque, soit à un plaisir. Cette éviction de la douleur ou cette recherche de plaisir va inconsciemment nous faire modifier quelque chose, pour que nous puissions faire différemment.
L’apprentissage et la notion de changement sont donc intrinsèquement liés et dans cette logique nous pouvons nous demander si, finalement, il est possible de ne pas apprendre.
Chez l’adulte, on apprend souvent pour « changer », modifier quelque chose et pour ce faire on met en place un processus conscient pour atteindre l’objectif. Mais qu’en est-il de tous nos processus inconscients ? Processus que nous pouvons mettre en place, dans le domaine du travail par exemple, pour éviter d’être jugés ou pour obtenir la considération de nos collègues. Ne sont-ils pas aussi des apprentissages ? Peut-on alors apprendre à changer ces derniers sans véritable prise de conscience ? Ainsi, apprendre commence par savoir que je fais « mal » ou que je ne sais pas faire, ou encore que j’active des processus involontairement, etc…
Apprendre est lié à une prise de conscience qui déclenchera ensuite une motivation comme celle de désapprendre pour réapprendre.
Quand des stagiaires arrivent en formation à la demande de l’entreprise, ce que peuvent rencontrer les formateurs en animation, quand est-il de cette prise de conscience et de l’apprentissage qui s’en suit quand il y a une motivation uniquement extrinsèque ? Apprendre chez l’adulte n’est peut-être pas plus complexe que chez l’enfant. Cependant la notion de « conscience » est fondamentale pour désapprendre : pourquoi j’apprends ? Quelles sont mes motivations et processus ?, Quelle est mon degré d’envie ?
Ainsi quelle part dois-je laisser à la construction d’un processus d’apprentissage conscient et quelle part donner à l’information factuelle lorsque je conçois une action de formation ? Parfois, on n’est pas loin du 30% /70%. Comme chez l’enfant, l’adulte apprend facilement lorsqu’il choisit de le faire, lorsqu’il a envie de le faire. La vraie question est bien de savoir comment apprendre lorsqu’on y est obligé ? C’est pourquoi, un bon pédagogue prendra le temps de bien démarrer, de construire le groupe, de créer un climat la confiance, … ces étapes sont incontournables si l’on veut transmettre ou modifier des compétences.
A distance, la question d’un apprentissage conscient se pose peut-être moins. En revanche, lorsque les apprenants sont inscrits directement via l’entreprise, la question se pose très fortement